Les aides-soignants représentent un maillon important dans la chaîne de fourniture des soins. Leurs rôles restent déterminants à toutes les étapes de la prise en charge des malades. Malheureusement, les EHPAD (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) et les structures d’aide à domicile peinent de plus en plus à en recruter. Les centres de formation confirment également une importante baisse des inscriptions et des vocations. Fort heureusement, de plus en plus de voix s’élèvent pour évoquer les facteurs à l’origine de ce désamour. L’État et les employeurs explorent d’intéressantes pistes pour revaloriser durablement le métier d’aide-soignant.

Sommaire

Le métier d’aide-soignant, un évident manque de personnel

La pénurie des aides-soignants en France représente désormais un secret de polichinelle. Les directeurs d’établissement n’hésitent d’ailleurs plus à lancer de véritables alertes pour inciter le gouvernement et les collectivités locales à intervenir pour redorer le blason d’un métier noble, mais en déclin. Le phénomène touche particulièrement les EHPAD.

Selon la plateforme infirmiers.com, un EHPAD sur deux éprouve des difficultés à recruter du personnel. Elle estime également que 9 % de ces établissements disposeraient d’au moins un poste non pourvu depuis 6 mois. L’étude « Besoin en main-d’œuvre 2018 de Pôle emploi » confirme cette tendance. Ses conclusions avancent que près de la moitié des employeurs (48 %) de différents secteurs ne parviennent pas à recruter les aides-soignants dont ils ont véritablement besoin. Ce phénomène s’observe sur toute l’étendue de l’Hexagone. Ainsi, le Conseil régional de Bretagne annonce 48 postes non pourvus en 2018, et Pôle emploi Normandie a décompté 1 388 projets d’embauche d’aides-soignants restés sans suite en 2018. Selon Micheline Keiling, la responsable de l’EHPAD Saint-Arbogast, cette pénurie constitue un problème récurrent depuis 20 ans.

Les services d’aide à domicile éprouvent également des difficultés à recruter des aides-soignants. Cela les empêche de déployer convenablement leurs activités. Selon Hélène Lemasson-Godin, la directrice RH réseau à l’UNA (Union Nationale de l’Aide), le phénomène a tendance à se compliquer au fil des ans. Or, le métier d’aide-soignant enregistre un taux d’insertion proche de 100 % contrairement à d’autres secteurs. Vous avez donc la certitude de décrocher un emploi si vous vous inscrivez pour suivre la formation d’aide-soignante. Celle-ci reste accessible à toutes les personnes âgées d’au moins 17 ans. Vous obtenez votre diplôme d’État d’aide-soignant au bout d’un cursus de 10 mois. Certains instituts vous donnent la possibilité de valoriser les expériences acquises dans le cadre d’une précédente activité bénévole ou salariée.

Métier d’aide-soignant, un gros pourvoyeur d’emplois

Selon le rapport « Les métiers en 2022 » de France Stratégie, cette catégorie professionnelle devrait intégrer bientôt le top 5 des secteurs recruteurs dans l’Hexagone. Son taux d’employabilité culmine actuellement à 96 %. En dépit de ces facteurs très intéressants, le métier d’aide-soignant traverse une importante crise de vocation depuis quelques années. Les instituts de formation d’aides-soignants éprouvent des difficultés à attirer des candidats sur toute l’étendue du territoire national. Le nombre de postulants a chuté de 105 000 en 2013 à 79 175 en 2017. L’observatoire du Geracfas a estimé que ces chiffres ont enregistré une baisse de 37 % entre 2016 et 2018 tandis que le gouvernement table sur une réduction de 50 %. En 2019, ils ont dû repousser la date de clôture pour les dépôts de dossier. Certains centres ont même organisé des journées portes ouvertes pour booster l’inscription au concours.

Le métier d’aide-soignant, une activité en quête de reconnaissance professionnelle

La désaffection pour le métier d’aide-soignant s’explique par de nombreux facteurs tels que la pénibilité des tâches, une représentativité négative et un évident manque d’attractivité. Ces différents éléments poussent les acteurs de cette catégorie socioprofessionnelle à dénoncer fréquemment leurs conditions de travail et leurs traitements. Logiquement, les gens hésitent de plus en plus à suivre une formation pour exercer ce métier.

Aide-soignant, un métier noble

L’aide-soignant joue un rôle fondamental dans la chaîne des soins. Il contribue grandement au bien-être des patients. Il intervient dès l’admission des malades. Après leur accueil et leur installation, il peut mesurer leurs paramètres vitaux. Il veille à la propreté des lieux et au confort des personnes sous sa supervision. La réfection des lits lui incombe. Il s’occupe notamment de la toilette des patients et les assiste pour les repas. Il assure le suivi de leurs régimes alimentaires. Ainsi, il doit prendre toutes les dispositions pour que les malades absorbent leurs médicaments dans les conditions requises. Il représente un interlocuteur privilégié des infirmiers et des médecins. Il les tient informés en temps réel de l’état des individus alités. Il leur notifie les améliorations constatées. Il veille à la continuité des soins et aide les sujets admis en rééducation. L’aide-soignant joue à la fois un rôle d’assistant de l’équipe médicale et d’accompagnant des patients. Toutefois, ses compétences ne l’autorisent pas à administrer des médicaments ou à prendre en charge les soins médicaux qui incombent au médecin. Il peut gérer les actes bénins comme les changements de pansement.

Les aides-soignants représentent de frêles mains sans grande expertise, mais si indispensables dans l’actuelle chaîne des soins.

Aide-soignant, un métier pénible et peu valorisé

Les aides-soignants jouent un rôle de pivot dans le système médical actuel. La politique sociale des établissements sanitaires repose essentiellement sur eux. Ils doivent mettre à l’aise les malades et les rassurer. Cela suppose qu’ils prennent le temps de les connaître afin de leur apporter le réconfort requis. Ils se chargent aussi de transmettre aux infirmiers et aux médecins leurs observations en vue d’un meilleur traitement des patients. Cela représente une énorme responsabilité et beaucoup d’attention. En effet, les aides-soignants doivent s’intéresser à chaque malade afin de répondre à ses attentes en matière de soins et de relations humaines. L’individu alité compte sur eux pour l’hygiène des lieux et pour la satisfaction de ses besoins vitaux. Il se tourne également vers eux pour obtenir du réconfort. Les personnes avec une autonomie limitée espèrent aussi qu’ils les aideront dans leurs déplacements. Quelles immenses responsabilités ! Cela devient encore plus stressant lorsqu’ils doivent supporter les caprices et les indélicatesses de certains malades.

La norme prévoit officiellement 60 aides-soignants pour prendre en charge 100 résidents. Logiquement, trois professionnels devraient donc s’occuper de 5 patients. Mais, la réalité dans les hôpitaux et les EHPAD reste accablante. Ces établissements souffrent d’un véritable manque d’aides-soignants. Le personnel disponible croule sous de multiples tâches. Cela devient une mission titanesque face au nombre grandissant d’individus âgés et de sujets alités. Ces agents assistent avec peine à la standardisation de leur métier. Ils doivent désormais atteindre des objectifs plus importants en matière de nombre de lits à dresser ou de salles à mettre au propre. Leur mission se vide progressivement de la dimension humaine si réconfortante aussi bien pour le patient que pour eux. Aujourd’hui, les aides-soignants apparaissent comme de simples agents d’entretien aux ordres des infirmiers et des médecins ! Au fil du temps, cette image dévalorisante a commencé par révolter progressivement ces intrépides professionnels qui croulent sous le poids des tâches. Ils travaillent presque sans pause. Comment pourraient-ils refuser l’assistance à une personne souffrante ? Ils se consacrent sans relâche à leurs missions sans compter les horaires décalés, les weekends et les jours fériés. Ils s’y mettent au point qu’ils deviennent eux-mêmes malades d’épuisement et de stress. Comment pourraient-ils s’octroyer un repos quand ils savent que personne ne les remplacera pour accomplir ces tâches si indispensables pour une bonne prise en charge des patients ?

Le métier d’aide-soignant, des acteurs désemparés

Pendant des années, les aides-soignants ont mis en avant la noblesse de leurs activités. Ils ont travaillé avec abnégation et sans relâche. Ils se satisfaisaient du bonheur éprouvé à réconforter les malades et à contribuer à leur mieux-être. En dépit de leur modeste salaire (juste au-dessus du SMIC), ils ont considéré leurs conditions de travail comme un secret professionnel. Ils ont caché au public les tâches titanesques sous lesquelles ils croulaient. Face à la dégradation de la situation, les langues ont progressivement commencé à se délier. Acculés humainement (stress, maladies, manque de temps, etc.) et financièrement (des salaires stagnent en dépit des tâches qui augmentent), certains lanceurs d’alerte ont appelé l’attention des citoyens sur le désastre en cours. Les médias ont rapidement pris le relais avec des reportages peu valorisants sur leurs conditions de travail. Cela a accéléré la désaffection pour cette activité. De nombreux aspirants au métier d’aide-soignant ont simplement perdu leur vocation. Bien évidemment, personne ne souhaite sacrifier durablement son confort au profit d’une mission, peu importe la noblesse de celle-ci. Logiquement, les instituts de formation d’aides-soignants ont vu leurs effectifs s’écrouler au fil des années. La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, avait annoncé la création de 20 000 postes supplémentaires en trois ans face aux mobilisations intervenues dans les EHPAD en 2018. Tout le monde se demande d’où sortira une telle main-d’œuvre puisque les instituts de formation d’aides-soignants peinent à trouver des candidats. À bout de souffle financier, certains centres n’ont d’ailleurs pas hésité à fermer simplement leurs portes. De nombreuses offres de recrutement demeurent sans suite, faute de postulants. Les responsables RH des EHPAD éprouvent de réelles difficultés à engager les agents nécessaires pour le bon fonctionnement de leurs établissements. La descente aux enfers se poursuivra sans aucun doute sauf si le gouvernement et les acteurs impliqués prennent des mesures courageuses pour redorer le blason de cette corporation.

Le métier d’aide-soignant, l’urgence de la revalorisation

Le déclin de cette profession résulte de nombreux facteurs que les autorités doivent forcément prendre en compte dans le cadre d’une réforme globale et apaisée. Pour davantage d’efficacité, le gouvernement devra éviter de briser l’équilibre actuel au sein du dispositif sanitaire.

Revoir le statut de l’aide-soignant

Les aides-soignants prônent en priorité la reconnaissance de leur métier. Ils ne souhaitent plus apparaître comme de simples subordonnés des infirmiers. Ils entendent devenir des collaborateurs à part entière avec des rôles précis dans la chaîne des soins. En effet, les textes n’autorisent pas les aides-soignants à effectuer les traitements médicaux. Or, de nombreux supérieurs hiérarchiques leur délèguent de plus en plus de tâches qui ne relèvent pas de leurs attributions. Les responsables en charge de ce dossier devraient mettre sur pied une commission pour réétudier entièrement la chaîne des soins. Cela permettra de redéfinir les missions, les conditions de travail et la formation des aides-soignants. Dans le cadre de sa réforme de la santé, le gouvernement a annoncé la création de 4 000 postes d’assistants médicaux. Ces agents joueront à la fois un rôle administratif et soignant. Bien évidemment, cette initiative a suscité un grand tollé chez les infirmiers libéraux. Quant aux aides-soignants, ils s’interrogent sur les véritables finalités de cette réforme et espèrent accéder en priorité aux postes à pourvoir. L’État devrait renforcer le dispositif pour permettre aux aides-soignants de faire carrière. Cela devrait leur donner la possibilité de suivre des formations complémentaires pour changer de corporation. Cela limiterait les risques de turnover. En effet, l’absence de perspectives pousse ces agents à modifier de profession dès la première occasion. Dans le cadre de la réforme, un aide-soignant pourrait devenir assistant médical après un certain nombre d’années d’expérience. S’il remplit certaines conditions à préciser, il aura la possibilité de s’inscrire à une formation spécifique pour intégrer le cercle des infirmiers.

Améliorer les conditions de travail

L’État devra aussi prendre toutes les dispositions requises pour optimiser les modalités d’exercice des aides-soignants. Bien évidemment, seule une véritable valorisation de ce métier attirera de nouveaux postulants. Cela représente la principale priorité. Cela aidera le gouvernement à susciter à nouveau des vocations dans ce secteur. En effet, les EHPAD et les autres acteurs ont impérativement besoin de recruter pour mieux s’organiser. Cela favorisera une planification idéale des tâches en vue de moins stresser le personnel. L’État doit placer l’amélioration des conditions de travail au cœur de sa réforme. Un meilleur traitement soulagera les aides-soignants et représentera une première source de satisfaction. Cela leur permettrait de remettre les priorités humaines au cœur de leurs prestations.

Par ailleurs, les autorités doivent aussi étudier la question de la rémunération. À défaut de l’augmenter de manière globale, elles pourraient initier un système de prime pour encourager les acteurs les plus méritants. Un bon salaire contribuera sans aucun doute à motiver davantage les aides-soignants. La ministre française de la Santé a d’ailleurs promis que les agents des maisons de retraite publiques bénéficieront d’une prime en 2019. Le gouvernement devrait véritablement se pencher sur cette problématique pour redonner un second souffle à cette profession, y compris dans le secteur privé.

La mise en avant des atouts du métier d’aide-soignant

Pour une valorisation rapide de leur profession, les aides-soignants doivent changer de stratégie de communication. Ils ne doivent plus se contenter de dénoncer leurs conditions de travail. Ils doivent aussi mettre en avant les avantages liés à leurs activités. La plupart d’entre eux éprouvent un véritable bonheur lorsqu’ils réussissent à arracher un sourire à un malade de mobilité réduite qui compte uniquement sur eux pour satisfaire ses besoins vitaux. Ils doivent parler de la reconnaissance que leur témoignent les individus alités qu’ils prennent en charge. Les aides-soignants ont parfois tendance à oublier la joie et l’espoir qu’ils répandent autour d’eux. Ils exercent un métier très noble et jouent un rôle essentiel dans le prompt rétablissement de leurs patients. Par ailleurs, leur profession leur garantit des expériences diversifiées. Ils peuvent travailler dans différents services hospitaliers comme :

  • le handicap ;
  • la gériatrie ;
  • la chirurgie ;
  • la médecine ;
  • les urgences ;
  • la réanimation ;
  • etc.

Certains agents n’hésitent pas à tenter l’aventure des interventions à domicile.